Édition du lundi 18 janvier 2010
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C.F.
VOS PAPIERS :
Nom : Blin Prénom : Jacques Age : 65 ans Profession : retraité. Il était employé
municipal à la mairie de Sète.
Signe particulier : passionné par la vie politique et citoyenne ainsi que par
l'histoire locale, il vient d'éditer son "Dictionnaire biographique du mouvement
ouvrier cettois puis sétois (1789-1950)". Jacques Blin a aussi été secrétaire de
la section du Parti communiste sétois ainsi que conseiller général avant
François Liberti.
Quel a été le processus de création pour l'écriture de ce Dictionnaire
biographique du mouvement ouvrier à Sète ?
Avant j'avais déjà écrit un ouvrage sur la Commune à Sète. C'était
intéressant de voir comment cela s'était passé au niveau du monde ouvrier de
Sète. J'ai aussi écrit un livre sur 1907 à Sète afin d'analyser comment s'était passé
le mouvement viticole par rapport au port, qui était alors l'une des places
fortes du commerce de vin.
Et puis je me suis lancé récemment sur la rédaction de la biograpie de
Jean-Joseph Molle, un personnage très attachant du début du XIX e . Je me suis
alors retrouvé confronté à plusieurs noms. Je me suis dit que cela serait
intéressant de les rassembler dans un livre et d'en donner une courte
biographie.
Cela n'a pas dû être aisé de retrouver ces noms et de raconter leurs vies
?
J'avais déjà une base avec tous les entretiens que j'avais réalisés pour
mes précédents ouvrages. Puis j'ai fait des recherches dans les archives
départementales, les archives municipales ainsi que les journaux de l'époque. Je
me suis aussi appuyé sur l'association Maitron qui a édité un dictionnaire du
monde ouvrier à l'échelon national. J'ai donc récupéré plusieurs sources par ce
biais-là. Dès que je voyais un nom sur une pétition ou un tract, je le notais et
j'approfondissais. Comme plusieurs de ces hommes sont encore en vie, je les ai
interrogés. Mais c'était difficile puisque ces personnes ne voulaient pas trop
se dévoiler.
Petit à petit j'ai ainsi collecté 965 noms selon un critère très simple : qu'ils
aient un jour ou l'autre fait partie d'un mouvement ouvrier sur le port. Je
parle ainsi des "leaders" mais aussi des simples anonymes. Je pense être le plus
fidèle possible à ce que j'ai trouvé durant ces six mois de recherches.
Votre livre donne les noms des ouvriers entre 1789 et 1950. Pourquoi
avoir choisi ces deux dates ?
Avant 1789, il est relativement ardu de trouver des sources nombreuses et
fiables. Je me suis surtout appuyé sur un ouvrage de Marius Bravet qui avait
fait une brochure lors des émeutes de 1789.
Je me suis arrêté en 1950, car c'était un moyen de tourner la page après la
Résistance.
Votre Dictionnaire est sorti il y a environ un mois. Quels en sont les
échos ?
Les personnes qui m'en parlent se disent très intéressées. Et plusieurs
familles m'ont déjà fourni des éléments de rectification par rapport à ce que
j'ai pu écrire. En fonction de ce que ces personnes m'ont dit et des autres à
venir, je rédigerai peut-être une deuxième édition corrigée.
Et un deuxième tome pour balayer la suite du siècle ?
J'ai lancé l'idée à la Bourse du travail de fonder un groupe destiné à
collecter cette mémoire. Mais pour la fin du siècle, il y a encore beaucoup de
vivants et ils ont beaucoup de mal à se confier. Cette mémoire est importante.
Si personne ne récupère cette trace dans l'histoire, elle disparaîtra dans le
futur. Ce livre est un témoignage de l'histoire de Sète, vue de l'intérieur.
Et votre livre sur Jean-Joseph Molle ?
Son histoire a commencé à 1902 quand Euzet, le maire d'alors, ne voulait
pas remettre la Bourse du travail aux syndicats. Plusieurs conseillers avaient
démissionné et Molle était alors devenu le plus jeune maire de France avant de
devenir député.
Recueilli par Philippe MALRIC pmalric@midilibre.com