Débattre de points de vues

ou asséner des vérités

(en réponse à une chronique de l'Hérault du Jour)

Yves Marie Le Bosec, depuis quelques temps, nous écrit ses amertumes. Il enferme la réflexion dans le filtre réducteur de l’acte électoral, au détriment d’un débat nécessaire sur les sujets qu’il invoque. Apporte t’il un point de vue ? Non il assène ses vérités. Contribue t’il à la confrontation d’idées entre progressistes qui s’interrogent sur des questions qui devraient permettrent d’enrichir le pluralisme? Non il réduit les termes des débats possibles.

Son dernier papier, « les nouveaux casseurs de la République » peut ouvrir la porte à toutes les justifications d’exclusion, à tous les rejets et à tous les refus de différences. Plutôt que de réfléchir à ce que peut apporter la parité, la lutte contre les exclusions et l’enseignement des langues régionales, il donne à ses propos un relent de pensée unique. Pour lui ce sont des mesures qui constituent une balkanisation qui va conduire à la Guerre. Une même tonalité de propos a été produite dans « l’Hérault du Jour » il y a quelques jours, par une association aux relents de droite, un « comité de salut public » dont le responsable mène par ailleurs des combats rétrogrades. Mais n’est ce pas ceux qui refusent de prendre en compte la diversité de notre société, ces lieux d’exclusions et la nécessaire émancipation des femmes qui risquent de conduire à la révolte ? Il brandit le terme de la balkanisation, terme que l’on met un peu trop à mon goût à toutes les sauces. Il dénature le sens profond de la Parité en réduisant son propos « pour les femmes : la maison ou la Mairie », la parité n’est pas qu’une décision électorale. La Parité, c’est surtout le respect de la personne humaine, la prise en compte de l’individu(e) femme, pour que les rapports humains soient conçus en termes d’égalité. Il dénature le débat nécessaire sur l’avenir des jeunes en ZEP en réduisant son propos « Pour les jeunes de ces ZEP, la délinquance ou Sciences-Po ? » Celles et ceux qui souffrent dans leur spécificité et y vivent une exclusion, Celles et ceux qui s’éteignent dans leur condition sociale, doivent ils continuer à avoir pour seul horizon une condition de sujets ? Non, il faut qu’ils accèdent à la citoyenneté et que citoyennes et citoyens ils soient tous égaux dans la réalité de la société. Mais pour que cette égalité puisse exister, il faut se donner des moyens (parfois inégalitaires) qui permettront l’accès à l’égalité. Aujourd’hui, il y a une aspiration à rapprocher les pouvoirs et les lieux de décisions au plus près des populations. La décentralisation en est un des moyens. Mais que sera la décentralisation, si dans notre Région elle nie l’héritage occitan ? Que sera l’enrichissement culturel de l’Europe si notre culture Régionale ( méditerranéenne ) et la langue qui l’a façonnée s’efface au profit d’une langue française qui ne sera nourrit que d’Anglo-Saxon ?

Il faut effectivement faire l’Europe des Peuples, mais faire cette Europe doit d’abord passer par le respect des Peuples, le respect de leur culture et de leur langue. « Le salut aux soldats du 17ème » parti de la révolte des viticulteurs de notre Région, peut fièrement côtoyer l’italianité de « Bandiera Rossa » et les accents espagnols de « El ercito del Ebro ». Ces paroles d’Europe constituent un patrimoine de fraternité. Quand il a fallu chanter la révolte des jeunes américaines et américains devant la guerre du Vietnam, «  Peter Paul and Marie » ont repris « le Déserteur » de Boris VIAN. Cela signifie qu’ils ont trouvé dans une langue « Régionale » le support de leur expression, car leur Pays n’avait pas encore ce patrimoine chanté de culture pacifiste. Nos régions et nos langues ont une histoire, soit nous en ferons un facteur d’enrichissement, soit nous les laisserons dans les mains de ceux qui veulent favoriser les dérives régionalistes et nationalistes. En tout cas ces questions nécessitent l’échange et l’écoute. Quand vous dîtes Monsieur Le Bozec « Dorénavant, on apprendra le français après avoir bredouillé le patois », je vous laisse à cette appréciation. Le français est issu de l’enrichissement de « ses patois » et de notre riche culture latine. Aujourd’hui, le français est menacé par les nombreux anglicismes qui l’appauvrissent. Ne contribuez pas à appauvrir le débat.

Jacques BLIN