POURQUOI JE VOTERAIS « FRONT DE GAUCHE » LE 7 JUIN !

 

Les élections européennes dessinent leur silhouette dans un horizon qui semble peu intéresser les femmes et les hommes de France. Elu par 53,06 % de la population française, Sarkozy a méprisé le référendum de 2005 qui avait rejeté par 54,67 %, de cette même population, le Traité Constitutionnel Européen. Par ce mépris du suffrage universel, ils veulent d’une part déconsidérer le prochain scrutin et pousser à l’abstention. D’autre part, en le présentant uniquement comme un enjeu politicien, où les acteurs « officiels » seraient l’UMP, le PS et le MODEM, ils veulent briser tout espoir de construction d’une autre alternative.

Alors comment se déterminer pour avoir un rôle citoyen, au service d’une autre construction politique ? La question n’est pas facile, mais elle mérite que chacune et chacun y apporte sa réponse individuelle, je vais expliquer ce qui va déterminer mon vote en faveur du Front de Gauche.

Si je m’en tiens à la tête de liste, en Région Sud-Ouest, Jean Luc Mélenchon, j’ai des divergences avec lui sur la question des Langues de France. Son positionnement, ainsi que celui des Sénateurs communistes, lors du débat sur la révision Constitutionnelle, m’inciterait plutôt à ne pas voter pour lui. Mais est-ce uniquement LUI qui est en jeu ?

Si je m’en tiens à l’élaboration des listes du Front de Gauche, elles ont été conçues par une démarche d’appareils, avec certes une volonté d’ouverture, mais offrant peu d’espace à l’initiative citoyenne. Dois-je faire de cette question importante, une position de blocage ?

Voter Parti Socialiste, NON ! Il continue et amplifie son engagement pour une Europe libérale, consacrant la concurrence Libre et non faussée, rejetée malgré lui en 2005.

Voter Vert, NON ! J’avais reconnu à José Bové autant de responsabilités qu’à Marie-George Buffet lors de l’échec de la candidature de rassemblement aux Présidentielles. Son alliance avec Cohn Bendit et le Parti des Verts qui, lui aussi, a fait campagne pour le OUI en 2005, continue de m’interroger sur la sincérité anti-européennes de cette alliance.

Voter Modem, Bayrou, NON ! Cette « troisième voie » attrape-tout a voté le Traité de Lisbonne en essayant de nous faire croire qu’il n’avait rien à voir avec la Constitution Européenne rejetée en 2005. C’est l’illustration d’une politique à géométrie variable.

Voter Besancenot, NON ! Il ne suffit pas de brandir « l’Europe des Travailleurs » et sur le terrain refuser à ceux-ci les bases d’un rassemblement qui pourrait permettre de construire cette « Europe des Travailleurs ».

Ma fidélité à un engagement politique communiste, m’a toujours conduit à faire du combat pour la représentation proportionnelle, une ligne de conduite. J’ai toujours conçu la construction politique, basée sur la proportionnelle, comme une véritable école de la démocratie, où le débat politique doit privilégier la confrontation d’idées et non se solder par des alliances pour qu’un camp l’emporte contre l’autre. Donc en acceptant ce principe, j’admets que dans le cadre démocratique et humaniste actuel, femmes et hommes se rassemblent sur des points qui leurs sont communs. Cela implique que les aspects qui peuvent faire divergences soient reçus comme des idées qui restent à confronter, à échanger pour enrichir le contenu d’un rassemblement encore plus large, demain.

Ma divergence avec Jean Luc Mélenchon, sur l’apport culturel des Langues de France à la République, s’inscrit donc dans cette volonté de débat d’idées. J’espère qu’il entendra le message de toutes celles et tous ceux qui, sur le terrain des Langues et Cultures de France, refusent les anathèmes et désirent trouver les chemins d’une réflexion commune capable de construire une « Nation une politiquement et culturellement plurielle ».

L’aspiration à un changement, à une autre politique, dégagée de la loi du fric, est majoritaire aujourd’hui dans le Pays. Cette aspiration exprime un besoin de Rassemblement, capable de construire une alternative. Beaucoup, parmi les Partis et par esprit de « boutiques » nous proposent LEUR alternative, refusant de concrétiser le Rassemblement nécessaire qui permettrait de construire ENSEMBLE NOTRE ALTERNATIVE. Paul Eluard écrivait « Il existe un autre monde, mais il est dans celui-ci » . C’est cette réalité que nous devons affronter, sans concession sur le contenu des aspirations. Car,  si le monde qui souffre, celui qui perd un peu chaque jour sa dignité humaine, ne saisit pas les petites opportunités qui peuvent tracer les voies d’un  Rassemblement pour demain, alors ce monde pourrait chercher demain d’autres voies, moins progressistes. Jaurès disait en 1900, dans un débat qui l’opposait à Jules Guesde :

« Mais citoyens, il ne suffit pas pour qu’il y ait lutte de classes qu’il y ait cet antagonisme entre les intérêts. Si les prolétaires, si les travailleurs ne concevaient pas la possibilité d’une société différente, si tout en constatant la dépendance où ils sont tenus, la précarité dont ils souffrent, ils n’entrevoyaient pas la possibilité d’une société nouvelle et plus juste ; s’ils croyaient, s’ils pouvaient croire à l’éternelle nécessité du système capitaliste, peu à peu, cette nécessité s’imposant à eux, ils renonceraient à redresser un système d’injustices. Cette tâche ne leur apparaîtrait pas comme possible. ». Méditons l’actualité de ce message.

Pour toutes ces raisons, je voterais Front de Gauche, le 7 Juin, sans illusion sur les hommes et les femmes qui composent la liste. Mon vote sera l’espoir que je mets en  toutes celles et tous ceux qui y trouveront les raisons de se Rassembler pour dire, sans ambiguïté, leur condamnation de la politique de Sarkozy et pour se donner  les moyens d’autres Rassemblements après le 7 Juin.

 

Jacques BLIN

Le 12 mai 2009