1936 - 2006
des espoirs à faire revivre…
Jacques BLIN
Je
reprends ici le texte d'une brochure éditée à l'occasion d'une soirée donnée en
hommage à 1936
(les photos illustrant ce texte ne figurent pas dans cette version)
La brochure est disponible au siège du PCF - 19 Rue Honoré Euzet - 34200 SETE
* * *
Théodore LALANDE, militant ouvrier, responsable Communiste et syndical, nous a laissé un « Cahier Souvenir » dans lequel, il relate l’ambiance de la fin de l’Année 1935 :
« Une autre lutte de caractère local s'imposa à nous sur le plan syndical. L'emploi des bateaux citernes pour le transport des vins eut le don de resserrer les liens entre tous les syndicats du Port. C'était encore accroître le chômage existant déjà. Aussi une union étroite se créa et ensemble nous organisons à Marseille, un Congrès de tous les travailleurs des ports méditerranéens et Nord-Africains , avec le concours de Charles TILLON et NEDELEC pour la fédération des Ports et Docks . Cette action unitaire nous permis de repousser momentanément 1'emploi des bateaux citernes pour le transport des vins dans le port de Sète. Nous nous acheminions lentement vers 1'accord unitaire de Septembre 1935 . A cette même date , le Maire NAQUET nous faisait savoir qu'enfin notre proposition de création de fonds municipal de chômage était prise en considération et qu'à cet effet, par une délibération du Conseil Municipal du 19 Novembre 1935,il avait désigné Mrs LALANDE et VIGUERIE comme contrôleurs du fonds municipal de chômage.
« l’Information Méridionale » de ce jour fait état du
« Noël Rouge de l’Enfance malheureuse, organisé par l’Union des Femmes »…
C’est la première séance du Conseil Municipal de l’Année, sous la présidence du maire Albert NAQUET. Le Conseil Municipal examine la question du fonds municipal du chômage.
Le Maire sera autorisé à signer un emprunt de 1.000.000 Francs, afin de payer des allocations chômage « ainsi que les journées effectuées, le cas échéant, dans les chantiers communaux par les chômeurs »
Dans cette même séance une lettre, datée du 25 Octobre 1935, est portée à la
connaissance des élus. Elle émane des organisations laïques et pacifistes de
Sète qui sollicitent une subvention de 500 Frs, afin de parer aux frais
occasionnés par la représentation, au Théâtre Municipal le 22 Janvier, de la
pièce de Mr Maurice ROSTAND « Les marchands de canons ».
Une subvention de 450 Frs sera accordée ainsi que la gratuité de la salle, du
chauffage et de l’éclairage.
Dans « l’Information Méridionale » de ce jour, paraît un courrier signé de Mr AYMARD Jean. Il est intitulé « Lettre ouverte à ces messieurs du Conseil Municipal »
« Depuis près de quatre mois, il est rare qu’il ne paraisse pas, dans les colonnes des journaux de la région, des articles où il est question de création d’une caisse de chômage, fonds de chômage, chantiers, quoi toute la gamme, pour que le pauvre bougre de chômeur se délecte à la lecture de toutes ces bonnes choses. Mais depuis quatre mois, comme sœur Anne, l’on ne voit rien venir, malgré toutes les réclamations des chômeurs, rien n’a été fait pour venir en aide à cette catégorie bien à plaindre. Ah ! oui, on leur a fait une petite surprise agréable pour la Noël, l’on a supprimé purement et simplement, sans demander l’avis des principaux intéressés, en l’occurrence les chômeurs, les rares chantiers communaux qui existaient. Oh ! ce n’est pas les bonnes paroles ou même les encouragements qui manquent, loin de moi cette idée. Eh bien, ce n’est pas des paroles qu’il nous faut ; des paroles, même sorties de la bouche du Maire ou d’un de ses conseillers ne nourrissent pas son homme. La masse des chômeurs a assez souffert, elle a assez subi de vexations, nous demandons plus simplement ce qu’ils nous ont promis et surtout du travail.
Ce n’est pas avec ces misérables bons de pain, viande, légumes, que l’on distribue avec parcimonie, tous les quinze jours, que l’on nourrit une famille, et puis nous ne sommes pas des mendiants, nos édiles devraient comprendre.
Nous en avons assez de nous courber, la comédie a assez duré, il est temps que le rideau tombe et, on l’espère, du travail.
Pour un groupe de chômeurs, AYMARD Jean »
COLLOT Paul, Secrétaire du Syndicat des Ouvriers Soutireurs, Tonneliers et Foudriers, signe un Appel qui paraît dans « l’Information Méridionale » :
« Camarades : A plusieurs reprises vous avez subi d’importantes diminutions de salaires. Vous avez vu le nombre de vos journées de travail réduit et vos moyens d’existence devenir de plus en plus insuffisants. Pour le plus grand nombre d’entre vous, c’est le chômage complet.
Votre nonchalance, votre indifférence, incitent vos patrons et leurs représentants, à vous infliger toutes les humiliations possibles.
Les contrats sont méconnus pour ainsi dire inexistants !
Pourquoi ? Parce que vous vous contentez de courber l’échine ; parce que vous ne réagissez pas.
Devant vous se dresse le spectre hideux de la misère, de la guerre et un fascisme menaçant.
Si vous ne vous réveillez pas rapidement, se sera pour vous de nouvelles aggravations des conditions de la vie et du travail, la diminution de quelques avantages que vous aviez acquis de haute lutte.
L’unité syndicale maintenant réalisée, aucun de vous ne peut se refuser de réintégrer la grande famille syndicale, la Fédération Nationale du Tonneau, la Confédération Générale du Travail.
Ainsi tous uni, vous pourrez par votre cohésion, votre force, résister à toutes les manœuvres et attaques patronales et gouvernementales, vous pourrez organiser la lutte pour le maintien des droits acquis, le triomphe de vos revendications et surtout contre le chômage.
Seuls, dispersés, vous ne pouvez rien, absolument rien. Groupés en une puissante organisation, vous serez la force, vous améliorerez vos conditions de travail, vous ferez respecter vos contrats.
Camarades, soutireurs, tonneliers et foudriers, adhérez à la Confédération Générale du Travail, en vous faisant inscrire au syndicat fédéral du tonneau. Bourse du Travail, bureau du secrétariat – 1er étage »
22 – 25 JANVIER 1936
ROQUEBLAVE, responsable fédéral du PCF,participe au VIIIème Congrès du PCF qui se tient à Villeurbane, il déclarera notamment :
« Nous avons une grande influence parmi les paysans, mais nous sommes faibles parmi les ouvriers, ainsi nous manquons d’influence dans le port de Sète… »
( Compte rendu paru, page 60,dans les éditions du Comité Populaire de Propagande)
La presse rend compte d’un meeting organisé par le Comité du rassemblement Populaire de Sète, le Samedi 22 Février à 21 Heures. Il se déroula à la salle des Dominicaines.
« devant une salle archicomble, ont pris la parole les camarades VIALET, pour les jeunesses laïques ; ALIBERT, pour le Parti Socialiste SFIO ; GROS, pour le Parti Communiste SFIC, et DOMENECH, pour l’Union départementale des syndicats confédérés de l’Hérault.
A la fin du Meeting, l’ordre du jour suivant fut voté avec enthousiasme.
Ordre du jour : La foule des travailleurs et des démocrates de Sète, réunis à la salle des Dominicaines, le 22 février 1936.
Après avoir entendu des orateurs du C.U.A.A de Sète :
Adresse son salut fraternel à toutes les victimes du fascisme dans tous les pays.
S’élève avec indignation contre la lâche et odieuse agression dont ont été victimes Léon BLUM et Mme MONNET, agression dont les chefs de l’Action française, par leurs écrits dans la presse, sont les premiers instigateurs et les principaux responsables.
Réclame du Gouvernement l’arrestation des coupables et l’application totale des lois sur la dissolution et le désarmement des Ligues fascistes.
Affirme la volonté du peuple de Sète de barrer la route au fascisme et de défendre le pain, la paix et la liberté.
Et envoie son salut fraternel et ses félicitations au peuple espagnol qui vient de remporter une si éclatante victoire sur le fascisme. »